Observant son reflet dans un des immenses miroir du château où elle avait été invitée, Ileana sourit avec satisfaction. Enfin, elle n'était pas vraiment invitée, puisqu'elle ne faisait qu'accompagner celui qui avait reçu le carton d'invitation. Pourtant, contrairement à certaines personnes qu'elle avait croisé, n'importe qui aurait pu juré qu'elle appartenait à ce milieu aisé tant elle était dans son élément. Son passé n'y était pas pour rien dans son aisance et sa confiance en elle. Elle avait participé à de nombreuses soirées de ce genre, et savait donc ainsi parfaitement comment agir. Elle se fondait dans la masse comme si elle était une des leurs. Si ses actions ne pouvaient la trahir, ses paroles étaient aussi à la hauteur et elle avait ainsi discuté avec nombre de personne sans qu'ils ne s'étonnent de sa culture ou du fait qu'elle soit parfaitement au courant des derniers potins. Elle passait d'un sujet à l'autre sans aucune difficulté, aimant même à déconcerter ses interlocuteurs par des sujets inattendus. Elle lissa sa robe blanche, suivant du doigt le fin tracé d'un liseré argenté, avant de replacer une de ses mèches blondes. Ravie du reflet que lui renvoyait le miroir, elle alla retrouver son cavalier, lui souriant doucement alors qu'il posait sur elle un regard appréciateur.

Elle eut un sourire en coin en se souvenant de comment elle en était arrivée là. Ne voulantpas se montrer étouffante, elle avait décidé de laisser de l'espace à Marzio et d'occuper sa soirée de manière constructive. Avant même qu'elle n'ait eu à chercher quoi faire, elle avait reçu un appel. Elle avait en effet plus ou moins gardé contact avec certains clients, acceptant à l'occasion un rendez-vous pour tromper son ennui. Elle avait cherché quelques secondes dans sa mémoire avant de se souvenir qu'il avait été un client très généreux. Un fils à papa dépensant son argent dans des caprices parfois ridicules, mais qui lui faisait toujours des cadeaux somptueux. Ayant besoin de se distraire, elle avait accepté de l'accompagner à cette soirée, s'amusant à l'entendre se reprendre en compliment à son propos. Bien sûr cela flattait toujours son ego, mais elle avait suffisamment l'habitude de ce genre de chose pour ne pas y prêter trop d'attention. Contrairement, au collier incroyable qu'il lui avait offert ! Elle avait toujours aimé recevoir des présents de ses "cavaliers" et celui-ci était largement à la hauteur de ses espérances. Elle ne comptait plus le nombre de personne qui l'avait observé avec admiration et même envie. Elle aimait être au centre des attentions et jubilait ainsi de sentir la possessivité dont faisait preuve son cavalier, mais aussi de sentir glisser sur elle des regards de convoitise. Charmer les gens était un jeu délicieux qui la grisait toujours autant. Elle ne supportait pas que lui soit indifférent !

Jetant un regard en coin à son "ami", elle songea un instant à Marzio. Son cavalier était un homme séduisant. Il avait beau avoir la quarantaine, Ileana voyait bien comment les regards le suivait. Il était charismatique, confiant en son charme et, sympathique ; pourtant elle n'avait jamais rien ressenti d'autre qu'une affection distante pour lui. Il n'avait jamais déclenché en elle la passion que Marzio savait si bien faire naître. Son cavalier l'amusait, parfois l'agaçait à être trop insistant, mais il ne lui faisait pas perdre la tête, il ne la faisait pas s'enflammer au moindre baiser. Il n'y avait même pas un feu de paille ou une petite étincelle ! Pourtant ce soir, elle était bel et bien avec lui et non avec Marzio. Elle savait que si elle enfermait Marzio dans le train-train d'une relation, il fuirait. Ainsi, elle avait pris le parti de faire comme si leur relation lui convenait. Et peu importe combien elle mourrait parfois d'envie de lui dire ce qu'elle avait sur le cœur, elle savait que ce serait une erreur fatale. Lui qui se disait totalement libre, n'ayant d'attache envers personne sauf sa sœur. Voilà pourquoi, elle n'avait pas hésité une seule seconde quand elle s'était retrouvée invitée dans ce magnifique château. Après tout, elle était célibataire, et ce n'est pas Marzio qui pourrait lui reprocher quoi que ce soit. Elle se doutait bien qu'elle n'était pas la seule fille qu'il voyait, ainsi se priver d'une telle soirée aurait été dommage. Même si elle ne pouvait empêcher ses pensées de dériver vers lui, se demandant ce qu'il pouvait faire. Attrapant un verre de champagne sur le plateau d'un serveur, elle ne fit pas attention en se retournant et percuta quelqu'un.

Rattrapée à la dernière minute par son cavalier, elle resta figée pendant une seconde avant de réaliser pleinement qui elle avait face à elle. Remerciant d'un sourire son "ami", elle hésita une seconde sur la marche à suivre.
Avant de savoir que c'était LUI, elle avait simplement voulu s'excuser, mais là elle ne savait pas trop comment le faire. Devait-elle montrer qu'ils se connaissaient, et ignorer les regards hautains de sa cavalière ou faire comme s'ils ne se connaissaient pas pour éviter les questions de son cavalier -qui ne manqueraient pas de fuser. Alors que les secondes s'étiraient, elle pouvait sentir le regard méfiant de son cavalier, passant son regard de Marzio à elle, en semblant se demander quel était le problème. Elle fit son sourire le plus innocent, tout en laissant son cavalier resserrer son étreinte autour de sa délicate silhouette. « Je suis vraiment confuse, je ne regardais pas où j'allais et je t'ai bousculé. J'espère que je ne t'ai pas fait mal ! » Elle avait pris son ton le plus sincère, celui qui avait fait fondre tout ceux lui en ayant voulu un jour, et l'avait assorti de son regard de chat potté le plus convainquant. Elle se laissa faire lorsque son cavalier la serra dans ses bras, lui demandant d'un ton inquiet si elle allait bien. Cachant un sourire amusé, elle releva la tête vers lui pour le tranquilliser, avant de s'adresser à nouveau à Marzio. « Oui, je vais parfaitement bien. J'espère juste que ma maladresse ne t'aura pas trop dérangé. » Était-il besoin de préciser que cette situation l'amusait follement ?! Elle trouvait réjouissant de le croiser ainsi, alors que pour une fois elle n'avait absolument rien calculé !

A. Marzio Achenza & V. Ileana Mattachione

BONNE SURPRISE? PAS FORCEMENT ...

C’était l’une de ces soirées « spéciales » dont je me rendais souvent. Pour donner le change, comme me disait mon père. Car avec mon style de vie et mon look, je faisais plus penser à un rebelle mal fringué qu’à un gentleman qui avait grandi dans le « luxe ». Je m’en foutais royalement, à vrai dire. Je préférais être comme j’étais plutôt qu’avoir l’air d’un gringalet coincé. Je détestais porter des costumes de ce genre. Si vous souhaitiez me mettre mal à l’aise, c’était le meilleur moyen d’y arriver : m’imposer ces costumes inconfortables. J’étais à peine arriver au château des amis de mon paternel, que j’étais déjà pressé de rentrer chez moi et me changer. Mais bon, c’était bien pour la compagnie, le champagne et la rigolade que j’allais tout le temps à ces soirées.

Bien évidemment, il ne fallait pas venir non-accompagné. C’était « mal vu ». Plusieurs fois, je m’y étais rendu seul, histoire de narguer et de briser le protocole. Pendant des mois, on en avait entendu parler. J’étais fier de moi, j’en rigolais encore aujourd’hui. Mais généralement, j’en profitais pour amener une jolie fille avec moi. Toujours différente. Là aussi, on murmurait sur mon passage. « Oh, ce soir, il est venu avec une charmante jeune fille brune … » , « mais qui est-ce? Où est passée la jolie brune? Ou s’est-elle fait teindre en blonde? » … J’affichais un large sourire à chaque fois. Ce soir, j’avais invité une jeune fille rencontré seulement une semaine auparavant. J’avais longtemps hésité, je devais l’admettre. Je m’étais pris la tête, à savoir si je devais invité Ileana ou pas. Je l’aurais bien vu à ce genre de soirées. Elle les aurait toutes mises sur le tapis, elle aurait été a plus belle, ça c’était une évidence. Mais à la dernière minute, j’avais appelé Catarina. Pourquoi? Parce que depuis que je connaissais Ileana, c’était toujours elle qui appelait et qui revenait quand ça lui chantait … je ne dirigeais pas les rennes de notre « relation ». Ca devait me convenir, non? Après tout, aucune promesse, aucun engagement de toute sorte. Alors pourquoi ça m’agaçait terriblement? Inutile de chercher maintenant des réponses qui ne viendraient pas. Nouant correctement ma cravate, j’affichais un sourire et sortis afin d’aller récupérer ma chère cavalière pour la nuit … Au moins, rien n’était perdu.

Arrivant devant chez ma cavalière, je sortis en claquant la portière. Quitte à l’attendre, je m’allumais une clope. J’allais passer une soirée sans pouvoir fumer, car ça aussi, c’était à éviter, alors autant prendre ma dose de nicotine maintenant. Quelques minutes plus tard, elle apparut, magnifique dans une robe qui mettait parfaitement en valeur ses formes généreuses, sûrement créer par un grand couturier. Un sourire apparut sur mon visage et je ne pus m’empêcher de penser que j’étais chanceux sur ce coup-là. Je n’avais pas encore profiter de ce corps, mais quelque chose me disait que ça ne saurait tarder. Galamment, je lui fis un baisemain avant de lui ouvrir la porte. Grimant derrière le volant, je lui lançais un dernier sourire avant de démarrer en trombe. Allons nous amuser un petit peu … Ça promettait d’être intéressant …

Comme je m’y attendais, il y avait déjà énormément de monde. Des personnes que je connaissais, que je saluais vite fait tellement ils étaient barbants, et d’autres dont j’ignorais le nom. Catarina ne me lâchais pas d’un semelle, ne connaissant personne encore. Beaucoup de femmes la regardaient, envieuses, et des hommes, bien évidement, ne rêvant que d’une chose: être à ma place. Prenant une coupe de champagne, après tout autant commencer, je ne fis pas attention à ce qui m’entourait. Une femme me percuta, faisant légèrement s’échapper quelques gouttes du liquide tant convoité sur mon costume. J’allais sûrement rire et lancer une blague pour montrer que je n’étais nullement gêné, n’aimant pas cet accoutrement, quand je relevais les yeux et l’aperçus. Mon cœur manqua un battement et je crus rêver pendant quelques secondes. N’arrivant pas à la lâcher du regard, je sentis une pression sur mon bras, me ramenant à la réalité. Tournant la tête vers Catarina, je la rassurais en lui offrant mon plus beau sourire. De toute évidence, Ileana n’était en rien gênée de ce qui venait de se passer, elle semblait même s’en amuser. Voyant le bras de son « cher » cavalier se resserrer autour d’elle, un drôle de sentiment me parcouru. Incompréhensible. Je ne connaissais pas, c’était tout nouveau. Fronçant les sourcils, je penchais la tête sur le côté à sa question, ou du moins sa remarque. Ce n’est rien, quelques petites gouttes de champagne, ça ne fait pas de mal. Quelle surprise, toi ici, souriais-je de plus belle, légèrement ironique. Je m’appelle Marzio, dis-je en tendais la main à son « cavalier ». Je n’avais qu’une envie, lui foutre mon poing dans la figure, mis je savais me retenir. Et voici Catarina, présentais-je ma cavalière, charmante mais pas aussi époustouflante qu’Ileana, à mon plus grand regret. Cette femme était un mystère pour moi. En une fraction de secondes, je venais d’oublier les formes de ma cavalière dont je m’apprêtais à profiter pour la nuit. Je ne m’attendais pas à te voir ici, je dois dire. Mais ce fut une … charmante surprise, terminais-je sans la quitter des yeux tout en serrant Catarina contre moi.

Ileana souriait toujours, incapable de croire en sa chance. Franchement, quelles étaient les probabilités pour qu’ils se croisent ainsi, sans qu’elle n’y soit pour quoi que ce soit ? Le Destin, ou le hasard - peu importe le nom qu’on lui donnait- semblait vouloir lui donner un coup de pouce. Elle avait une chance inattendue de le voir, sans pour autant l’avoir appelé pour qu’ils se voient. Elle regrettait de moins en moins d’avoir accepté l’invitation ! Elle laissa son regard courir sur la silhouette séduisante de Marzio, appréciant de le voir habillé de la sorte. Elle préférait certes son style négligemment débraillé qui allait si bien au côté bad boy qu’il se donnait, mais elle n’en appréciait pas moins de le voir si élégant. Un sourire en coin fit cependant son apparition quand elle songea qu’elle le préférait nettement quand il n’était pas du tout habillé. Retenant un rire, elle détailla sa cavalière, s’autorisant un air satisfait en jugeant qu’elle n’avait rien d'une rival potentiel. Comme les autres, elle passerait sans rester, contrairement à elle.
Elle hocha la tête quand il lui dit qu’il n’y avait pas de mal, riant légèrement quand il parla de surprise. « Mais, je suis toujours pleine de surprise ! » Elle s’amusa de voir l’air crispé avec lequel son cavalier serrait la main de Marzio, semblant vouloir la lui arracher. Il avait maintenant compris qu’ils se connaissaient, et n’aimait guère cette mauvaise surprise. « Je te présente Lùka, un...ami. » Elle avait hésité sur le dernier mot, ne sachant pas vraiment dans quelle catégorie rangeait leur relation. Il avait été un client, quelque chose approchant d’un ami, mais aussi un amant. Elle avait donc choisi de le présenter comme un ami, vu quel se voyait mal dire qu’ils étaient amants à l'occasion. Cependant, voulant voir si elle pouvait attiser sa jalousie, elle avait dit le « ami » de façon à laisser imaginer qu’ils étaient bien plus.
Elle sentit la morsure de la jalousie quand il lui présenta celle qui l’accompagnait. Peu importe à quel point, elle aurait voulu l’étrangler, elle n’en laissa rien paraître, prenant sur elle pour être délicieusement charmante comme à son habitude. « Ravie de vous rencontrer Catarina. » Elle mourrait d’envie de lui lancer une pique venimeuse, pour bien rappeler à cette fille qu’elle n’avait rien de particulier et n’était ainsi qu’une parmi tant d’autre, mais elle se retint en se disant que cela n’en valait vraiment pas la peine. Il lui semblait qu’elle n’avait jamais rien fait de plus difficile ! Si elle n’avait pas été aussi amusée par la situation, nul doute qu’elle lui aurait déjà sauté à la gorge. « En effet, ce fut une charmante surprise. Je ne regrette vraiment pas d'être venue ! »
Voyant Marzio serrer sa cavalière contre lui, elle en rajouta en se collant contre Lùka, ne laissant pas le moindre millimètre entre eux.

Elle sentait parfaitement la surprise de son cavalier, qui devait se questionner sur son attitude pour le moins étrange. En effet, elle avait toujours parfaitement joué le jeu avec ses clients, mais quand Lùka avait prononcé le mot couple, elle avait mis les points sur les i. Ils n’avaient jamais été et ne seraient jamais un couple. Quand, ils s’étaient expliqués, elle avait précisé qu’elle n’avait nullement envie de tomber amoureuse et que si cela devait être le cas ce ne serait pas de lui. Il avait cru que cela changerait peut-être avec le temps, mais si Ileana avait fini par tomber amoureuse, ce n'était pas de lui. Evidemment, il ignorait qu’elle avait des sentiments pour quelqu’un, et ne se doutait pas un seul instant que cette personne lui faisait face en ce moment même. Elle était presque désolée de se servir de lui ainsi, sachant qu’il se ferait par la suite de fausses idées, mais quand il s’agissait de Marzio elle se moquait des conséquences. Tant pis, si elle se montrait sans scrupule ! Depuis, la seconde où elle avait décidé qu’il serait à elle, elle n’avait cessé de prendre des décisions, au mieux extravagantes, au pire complètement folles. Pourtant, pour l’instant elle n’y avait jamais eu aucun accroc à ses manigances. Et puis, elle faisait tout cela seulement par amour !
Elle serra les dents ne voyant le manège de la cavalière de Marzio. Elle ne supportait pas de voir cette fille se coller à Marzio, et elle se demanda un instant s’il pourrait la laisser tomber pour elle. Si elle lui faisait un peu de charme, serait-il près à l’abandonner ici ? Elle était de plus en plus tentée, ayant l’envie folle de le voir la planter là pendant qu’elle ferait de même avec Lùka.

Plongeant son regard dans le sien, elle se mordit la lèvre tout en réfléchissant à la meilleure manière de parvenir à l’avoir pour elle seule une fois de plus. Fixant un instant certaines personnes qui s’asseyaient aux tables pour discuter, une idée lui vint. « Lùka pourquoi n’irais-tu choisir une table avec Catarina, pendant que nous allons vous prendre un verre ? » Elle lui fit son plus beau sourire, ignorant son air soupçonneux, sachant d’avance qu’il accepterait. Ce serait après tout assez impoli qu’il refuse, et c’était encore moins le moment pour lui faire une crise de jalousie. Hochant la tête, il se tourna vers Catarina pour l’inviter à le suivre. Voyant les réticences de celle-ci, Ileana entraîna rapidement Marzio vers le bar, sans lui laisser le choix. Arrivée là-bas, elle se tourna vers Marzio tout en souriant. « Le hasard fait vraiment bien les choses. Je suis ravie de t'avoir rencontré ici ce soir ! » Elle commanda un verre pour Lùka et un pour elle, espérant cependant qu'elle n'aurait pas à le boire.

A. Marzio Achenza & V. Ileana Mattachione

BONNE SURPRISE? PAS FORCEMENT ...

UnderCo'